Piégeage à phéromones
Le piégeage à phéromones est une technologie qui utilise les phéromones (des substances chimiques odorantes émises par la plupart des organismes) pour attirer les insectes dans un piège. Dans les bananeraies, les pièges à phéromone sont utilisés contre le charançon du bananier (Cosmopolites sordidus). La démonstration que le charançon mâle sécrète une phéromone d’agrégation remonte à 19931 . Peu après, le principal composé de cette phéromone (C11H20O2) a été isolé et dénommé sordidine2 .
Méthodologie
Les éléments de base de cette pratique sont le piège (généralement un piège à fosse ) et l’attractif.
Le piège
Le piège à fosse consiste en une petite boîte en plastique jaune (pour être vue de loin). La partie inférieure est enfouie dans le sol; elle peut être vide ou remplie d’eau savonneuse. Le chapeau, ou partie supérieure, vient fermer le piège. Il contient la dose de phéromone. Un espace entre les deux parties permet aux charançons d’entrer et de tomber dans le piège. L’ouverture est suffisante pour l’insecte et limite l’entrée de résidus de culture ou de la terre.
L'attractif
L’attractif, une sordidine synthétisée par voie chimique également commercialisée sous le nom de Cosmolure, est souvent associée à un synergiste, comme l’acétate d’isoamyle. La sordidine attire les adultes dans un périmètre de 10 à 20 mètres à la ronde3 .
Usages
Les pièges à phéromone sont utilisés à deux fins : pour évaluer l’état d’infestation de la parcelle ou pour le trappage de masse. Dans le premier cas, 4 pièges par hectare est la densité recommandée. Pour le contrôle des populations dans une bananeraie, entre 8 et 16 pièges à phéromones sont recommandés. Il est également recommandé de vérifier les pièges régulièrement (2 fois par mois) afin de collecter les insectes piégés.
La position des pièges devrait être changée régulièrement (tous les mois). La densité des pièges, leur forme et les facteurs agro-climatiques (tel que le vent, l’humidité relative et les précipitations) ont un impact sur leur efficacité. Par exemple, les pluies peuvent gêner la dispersion de la phéromone à plus longue distance. Pour un contrôle efficace, la gestion du piégeage doit se faire au niveau d’une plantation entière, et tenir compte de la présence de parcelles avoisinantes à risque (jachères ou parcelles abandonnées) pour évaluer les migrations possibles. Il serait par exemple très risqué de planter une nouvelle parcelle, dont les jeunes plants sont très attractifs pour le charançon, près d’une jachère.
Du fait que les phéromones n’attirent que les adultes en mouvement, le dispositif de piégeage ne peut à lui seul résoudre tous les problèmes causés par une infestation forte, étant donné que dans une plantation établie près de 75% des charançons sont sédentaires à la plante4 . D’où l’importance de prévenir les infestations.
Il est recommandé, avant de planter une nouvelle parcelle, de piéger les charançons qui pourraient s’y trouver. La parcelle devrait également être plantée avec du matériel de plantation sain. Mais étant donné que les jeunes plants peuvent attirer les charançons de parcelles avoisinantes, il est recommandé de mettre en place une barrière sanitaire en installant des pièges à phéromones sur les contours de la nouvelle parcelle (1 piège à tous les 20m). Cette technique semble efficace durant les premiers mois après la plantation .
Références
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