Système de gestion intégrée des nématodes
Le système de gestion intégrée des nématodes est un ensemble de pratiques culturales développées par le Cirad comme alternative à l'utilisation de nématicides à base de carbamates et d’organophosphates dans la production de bananes d'exportation dans les Antilles françaises. Ce système consiste principalement à réduire les populations de nématodes en éliminant les bananiers sur lesquels les nématodes se nourrissent et en ralentissant leur croissance lorsque les bananiers sont réintroduits.
Contexte
Le contrôle des nématodes dans les grandes plantations bananières commerciales repose généralement sur l'application de deux à quatre traitements de nématicides par an. Ces produits sont cependant de plus en plus condamnés du fait de leur toxicité. Au début des années 1990, les scientifiques du Cirad ont commencé à développer une stratégie pour réduire leur utilisation en Martinique. L'approche tire profit du fait que les principaux nématodes parasites des bananiers, tels que Radopholus similis, ne persistent pas dans les sols en l’absence de leur hôte.
Méthodologie
L'assainissement des sols
La première étape consiste à exclure les plants de bananiers et laisser la terre en jachère pendant un an ou deux afin d'éliminer les nématodes parasites des plantes. Une alternative consiste à planter une culture non-hôte.
Lorsque l'approche a été appliquée pour la première fois en Martinique, le nombre de nématodes a rapidement progressé après un seul cycle de production. Ce résultat inattendu a été attribué à la méthode mécanique utilisée pour détruire les plants de bananiers (en utilisant une machine à bêcher) qui, en laissant derrière elle des morceaux viables de rhizome, a fourni un habitat pour les nématodes. Des expériences ont abouti à la recommandation d’injecter du glyphosate, un herbicide systémique à large spectre, dans les plantes et de revenir pour éliminer les nématodes qui ont échappé au traitement ainsi que les pousses régénérées1 .
Les parcelles désinfectées doivent être protégées des eaux de ruissellement provenant de parcelles de bananiers infestées par les nématodes et qui peuvent donc transporter les nématodes. Creuser des fossés profonds de 50-80 cm autour des parcelles peut retarder la ré-infestation pendant trois ans voire plus.
Suivi de l’assainissement des sols
Avant de réintroduire les bananiers, le sol doit être testé pour la présence de Radopholus similis. Des tests en pot peuvent être effectués par un laboratoire de nématologie. Des échantillons de sol prélevés dans la parcelle sont utilisés comme substrat pour des vitroplants. Après deux mois, les plantes sont prélevées et leur système racinaire est examiné2 .
Replantation avec des bananiers
Pour éviter de réintroduire des nématodes quand les bananiers sont replantés, les agriculteurs sont invités à utiliser des vitroplants exempts de parasites et maladies.
Pratiques complémentaires
La plantation de variétés résistantes, seules ou en mélange, est également une option, en particulier pour les petits agriculteurs qui ne peuvent pas se permettre la rotation des cultures ou la jachère. Des expériences en Martinique ont montré une réduction des densités de nématodes après l'introduction de la variété FB924, relativement résistante, dans des champs de cultivars de bananes Cavendish ou Plantain, qui sont plus sensibles3 .
Planter une plante de couverture a également participé à la réduction des populations de nématodes4 .
Impact
Ce système de gestion intégrée des nématodes a permis aux agriculteurs de cultiver des bananes pendant trois à cinq ans sans avoir à utiliser de nématicides. Quatorze ans après son lancement, la combinaison d'une jachère, ou une rotation des cultures, et de vitroplants a conduit à une réduction de 90% de la quantité de nématicides utilisée.
Une enquête auprès de 607 producteurs de bananes en Guadeloupe a indiqué que, parmi eux, 67% pratiquent la rotation des bananiers avec une autre culture ou une période de jachère, et 59% utilisent des vitroplants, contre respectivement 28% et 24% en Martinique5 .
Obstacles à l’adoption
Le manque de terres est un obstacle à l'adoption de la rotation des cultures ou de la jachère. L'investissement initial, élevé, est également un problème. Des simulations pour une ferme de 4.2 hectares montrent une baisse des revenus pendant les deux premières années et demie. Cependant, après cette période de transition, les revenus augmentent considérablement par rapport au niveau pré-conversion.
Références
Egalement sur ce site web
Battling an invisible enemy dans l’édition d’InfoMus@ de mars 2012.
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